A.L
Dædalus: le mythe, l'artiste
Dernière mise à jour : 22 août 2020
Je vous présente Dædalus, mon carnet de voyages. Un récit d’esthète, une poésie visuelle, au coeur de mes voyages et de mes rencontres. Je ne suis pas Dædalus mais tout comme lui, je pense que nous sommes les artisans de notre destin. Je continue donc de forger le mien.

Jeudi, 7.30. le réveil sonne. J’ai encore raté Fajr. *soupirs*
Apres ma prière du matin, je fonce à la cuisine. Si je mesure bien, je pourrai savourer ce fond de café rwandais encore 2 jours. Après, épuisement et retour au café de supermarché.
Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet...Aout? 6 mois? déjà? En sirotant mon café et passant en revue les quelques emails du travail à répondre, je réalise que cela fait en effet 6 mois que je suis confinée entre ma chambre, le salon, la cuisine et occasionnellement le supermarché. Je suis arrivée chez moi à Nouakchott avec une valise de 2 semaines, pensant être repartie à Abidjan comme prévu et… ‘covidarriva’.
Déni, colère, depression, acceptation
Le Ramadan passé, et après avoir célébré les deux fêtes de l’Eid, je me suis résignée à l’acceptation: Il n’y aura pas de retour à la normale.
Les quatre premières semaines étaient curieuses, et même un peu intrigantes, je dirais. Sentiment de confusion, interrogation, anxiété…pas encore de grande crainte car au début tout se passait bien chez nous. La courbe était encore assez plate, la population avisée, le gouvernement prévenant. Donc aucune raison de paniquer, d’ici quelques semaines, retour à la normale.
Le Ramadan passé, et après avoir célébré les deux fêtes de l’Eid, je me suis résignée à l’acceptation: Il n’y aura pas de retour à la normale. Un sentiment un peu étrange, surtout pour quelqu’un qui, comme moi, carbure aux projets et aux voyages, enchainés les uns après les autres. Rester en attente pendant 6 mois, sans visibilité, sans cadre logique avec un agenda précis: c’était difficile. Mais aujourd’hui, 6 mois plus tard, je suis très heureuse d’annoncer que j’ai à nouveau l’optimisme et la joie au coeur, que Covid m’avait, je l’avoue, quelquefois volé. J’ai eu des moments de remise en question, de stress, de colère, de tristesse, un melange de tout, mais je m’en remettais à chaque fois au plus Haut car, après tout, c’est ce que notre religion nous enseigne.

Commencer Dædalus
Au risque de tomber dans les clichés, je pense que cette crise est sans doute l’occasion que nous attendions tous et toutes pour faire cette introspection tant procrastinée et commencer ces projets laissés sous l’oreiller.
Je me suis donc décidée à prendre un peu plus au sérieux ma passion pour la photo, et réfléchir en parallèle à une idée qui me trottait dans la tete depuis déjà quelques temps. Bref, je me suis remise à occuper mon cerveau de manière un peu plus organisée, à commencer par Dædalus.
Dédale, en grec ancien Δαίδαλος, est un personnage de la mythologie grecque. Athénien descendant de la famille royale d'Érichthonios, Il est principalement connu pour être inventeur, architecte et le sculpteur qui aurait construit, entre autres, le labyrinthe pour le roi Minos de Crète. Il est également le père d’Icare, le jeune incrédule qui s’est littéralement brûlé les ailes en volant trop proche du soleil [C’est d’ailleurs Dædalus qui lui avait fabriqué ses ailes]. Personage complexe, aux nombreuses facettes, aux multiples égos. Imparfait à bien des égards, il naviguait en commun mortel au milieu de Dieux et de Demi-Dieux.
Au delà du mythe, il était surtout artiste dont le talent était exceptionnel. Il est loué par beaucoup pour son génie esthétique et sa dextérité.
Le nom de Dédale, vient de l'adjectif daidalos « ingénieux », et se rattache à la racine *delH « tailler à la hache, fendre ». Dædalus signifierait donc "artistiquement travaillé" ou encore "l'artiste", "l'astucieux". Je l’ai découvert il ya six ans environ à Cambridge dans un petit café éponyme, proche des campus universitaires. La sonorité m’avait interpellé et après mes recherches j’en ai encore plus apprécié le sens et la complexité.
Je vous présente Dædalus, mon carnet de voyages. Un récit d’esthète, une poésie visuelle, au coeur de mes voyages et de mes rencontres. Je ne suis pas Dædalus mais tout comme lui, je pense que nous sommes les artisans de notre destin.
Je continue donc de forger le mien.
Nouakchott - Muharram 1, 1442